Optimiser sans fragiliser : comment la DSI rationalise ses coûts et valorise son patrimoine applicatif

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 Par Grégory Cladera, Chief Operating Officer, Kabeen

En 2026, les DSI devront résoudre l’équation d’une meilleure efficacité opérationnelle avec des ressources diminuées ; en effet, 26% d’entre eux prévoit une baisse de leur budget pour l’année qui arrive. Dans un contexte économique incertain, les directions informatiques doivent désormais conjuguer rigueur financière et performance numérique. Mais essayons de regarder le verre à moitié plein et considérer cet exercice de rationalisation comme une opportunité, comme un véritable levier de transformation, qui repositionne la DSI au cœur de la gouvernance de l’entreprise.

 

Sobriété et justesse du système d’information

Turn-over, restructurations, fusions, etc., au fil des années, beaucoup d’entreprises ont accumulé des couches technologiques hétérogènes et souvent redondantes. En moyenne, elles utiliseraient plus de 1 000 applications différentes, avec pour conséquences une explosion des coûts, une complexité technique et une perte de visibilité sur le patrimoine applicatif. Cette méconnaissance structurelle complique les arbitrages budgétaires, freine les programmes de transformation numérique et accentue les risques opérationnels.

Dans le cadre d’un processus d’optimisation, la première étape consiste à cartographier précisément le système d’information : comprendre les interdépendances, identifier les usages réels et mesurer les coûts associés. Cette analyse permet de distinguer les investissements stratégiques des dépenses à faible valeur ajoutée (écart type usage/coût), et d’orienter les décisions sur des faits. La rationalisation passe également par une meilleure gouvernance des licences et abonnements. Avec la généralisation du SaaS, de nombreuses DSI découvrent qu’elles financent des licences inutilisées ou en doublon. Exemple fréquent : une entreprise souscrit à un gestionnaire de mots de passe, pour finalement constater que la majorité des collaborateurs utilisent déjà leur propre solution.

Le phénomène se répète et s’amplifie avec les outils d’IA générative : certaines entreprises investissent dans des licences Microsoft Copilot sans évaluer les besoins réels, alors que plusieurs centaines de collaborateurs utilisent déjà ChatGPT gratuitement. Ce double emploi entraîne non seulement un surcoût, mais aussi un risque cyber important. Une stratégie pertinente consisterait à réserver les licences IA aux profils dont la valeur d’usage est démontrée, tout en sécurisant les pratiques des autres utilisateurs via une solution encadrée, telle qu’une version Enterprise de ChatGPT.

Ces situations sont loin d’être marginales ; elles reflètent souvent une absence de pilotage unifié et une prolifération d’outils achetés en silos, parfois, voire trop souvent, sans validation de la DSI. Les enjeux, à la fois financiers et sécuritaires, deviennent alors considérables et hors de contrôle.

 

Une performance numérique « by design »

La rationalisation des coûts IT doit être appréhendée comme une démarche de pilotage global, qui redonne à la DSI son rôle d’architecte du système d’information et de garant de la performance numérique de l’entreprise. La DSI n’est plus seulement une fonction de support mais contribue directement aux enjeux de croissance, de résilience et d’innovation.

Pour y parvenir, les directions informatiques doivent s’appuyer sur des indicateurs partagés avec la direction financière et les métiers : taux d’usage, coût par utilisateur, obsolescence technologique, performance énergétique, disponibilité, TCO etc. Ces données transforment la DSI en acteur stratégique du développement de l’organisation et en créateur de valeur. La rigidité des processus internes, le manque d’« IT literacy » et la quête d’instantanéité ont longtemps creusé un fossé entre DSI et métiers. Aujourd’hui, ce dialogue se rétablit : les deux parties se rejoignent autour d’une logique commune, penser la performance « by design », dès la conception, pour pérenniser au mieux l’activité d’une organisation.

Le besoin de rationalisation des coûts IT, imposé par la recherche d’efficacité opérationnelle, marque une réécriture de la symphonie informatique. Elle invite la DSI à repenser ses priorités, ses modèles de gouvernance et ses relations internes. En plaçant la donnée et la transparence au cœur de son pilotage, la DSI retrouve son rôle de chef d’orchestre du numérique, capable d’allier efficience budgétaire, sécurité et innovation.

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